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Pente externe du rEcif caledonien a la passe de Dumbea
recif de ouime
Un recif corallien.
Corail sur le recif de ouime
Porites, espece de corail massif dans la passe de dumbea
Recif corallien de oumiE
Recif de ouime
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L'écosystème corallien est considéré comme le plus diversifié, le plus complexe et le plus productif des écosystèmes marins. C'est l'équivalent à la forêt tropicale en milieu terrestre. Certains disent même « Un récif dans l'océan est un oasis dans le désert » Le corail n'est pas ce qu'il semble être… inanimé. C'est une construction vivante formée à partir d'un animal "le Madrépore" formé de polypes et d'une algue unicellulaire (zooxanthelle). Tous les deux fonctionnent en symbiose.
Le récif corallien : un écosystème aussi fragile que magnifique
La protection et la restauration des récifs coralliens endommagés Quelques remarques à méditer contre les idées reçues....
Le Madrépore ou corail constructeur
Corail sur l'épave du Snark Taxonomie Il existe 2 500 espèces de coraux. Embranchement : Cnidaires (Cnidos = urticant) : Apparus il y a 700 millions d'années les Cnidaires sont des animaux qui vivent seuls ou en colonies. Ils peuvent être benthiques ou pélagiques mais sont présents dans toutes les mers du globe. Ces individus vivent sous deux formes qui dominent plus ou moins selon la classe : la forme méduse (ou forme mobile) et la forme polype (ou forme fixe). Tous les cnidaires n'ont pas nécessairement de formes méduses dans leur développement (c'est le cas des coraux constructeurs) et toutes les méduses n'aboutissent pas nécessairement à un stade polype comme par exemple les méduses holoplanctoniques. Dans l'embranchement des Cnidaires, il existe 4 classes :
Classe : Anthozoaires (Anthos = fleur) Il s'agit de la classe de coraux la plus représentée sur le récif corallien. Chez les Anthozoaires, le stade polype domine, il n'y a généralement pas de stade méduse.
Ordre : Madréporaires : coraux constructeurs de récifs. Descritpion Le madrépore est un animal primitif invertébré. Formé d'une colonie de polypes, il est issu d'un seul œuf qui a donné une larve (planula). Les polypes sont obtenus par bourgeonnement.
Le corps du polype : Son corps est une sorte de sac à double paroi : l'extérieur est formé de l' ectoderme, l'intérieur de l' endoderme. L'architecture du polype est basée sur une symétrie radiale. Schéma de polype Cet animal possède un seul orifice : la bouche entourée de tentacules disposés en couronne régulière. Le polype est fixé au substrat par l'autre extrémité qui est aplatie : le disque pédieux. De la bouche, part un œsophage appelé stomodeum qui mène à une cavité gastro-vasculaire formée par l'endoderme. Dans cette cavité a lieu la digestion et l'émission des gamètes pour la reproduction. La cavité gastro-vasculaire est divisée par des cloisons verticales : les mésentères qui sont soit au nombre de 6 soit au nombre de 8 et différencient deux types de polypes (les hexacoralliaires et les octocoralliaires). Entre l'endoderme et l'ectoderme, une couche de cellules appelée la mésoglée contient, entre autres, les cellules sexuelles.
La vie en colonie : lorsque le polype vit en colonie, celui-ci est relié aux autres polypes par des connexions : les coenosarques parsemés de canaux qui permettent aux cavités gastro-vasculaires de toute la colonie de communiquer entre elles. Ainsi, chaque individu adapte son fonctionnement par rapport aux autres pour l'optimisation de la colonie.
Schéma d'une coloinie de polypes
Les squelettes : les coraux utilisent à la fois un squelette hydrostatique pour animer leurs tentacules et un exosquelette calcaire pour se protéger et soutenir la colonie. Le squelette hydrostatique est formé d'eau qui emplit la cavité gastro-vasculaire et des parois corporelles musculeuses de l'animal. Le squelette externe (ou exosquelette) est formé grâce au calcaire sécrété par le polype au niveau du disque pédieux. Il se développe selon une architecture bien définie de façon à ce que le polype soit toujours repoussé vers l'extérieur et reste relié aux autres polypes de la colonie par un tissu cellulaire. Pour se protéger, l'animal peut se rétracter dans son exosquelette.
Nutrition : Le madrépore se nourrit (principalement) grâce à la photosynthèse des zooxanthelles d'où une grande richesse et un développement possible au milieu des océans extrêmement pauvres. Un autre mode de nutrition est possible grâce à une glaire qu'ils laissent traîner et qui se charge de particules. Cette glaire est alors ré-avalée. Ce mode de nutrition est important pour les coraux du lagon.
Reproduction : Elle peut se faire * Soit par reproduction sexuée : les testicules et les ovaires sont rudimentaires et sont situés sur des polypes différents. Cependant, il peut arriver que les deux sexes coexistent sur un même polype. Les gamètes sont libérés dans la cavité gastro-vasculaire où a lieu la fécondation mais, dans certains cas, ils peuvent être libérés dans la mer. Le développement embryonnaire aboutit à la formation d'une larve ciliée : la Planula Schéma d'une larve planula (Source : http://nte-serveur.univ-lyon1.fr/nte/biologieanimale/boa-cours/fiches-cnidaires/notions/larves.html)
Cette larve est pélagique et se déplace grâce à ses cils. La phase larvaire est plus ou moins longue. Chez les Anthozoaires, cela peut aller jusqu'à plusieurs semaines. Lorsque les conditions sont favorables, la larve tombe sur le fond, perd ses cils et s'étale. La métamorphose en polype a lieu. Cette transformation ne peut se faire que si l'individu est fixé au substrat. Le pharynx (bouche, œsophage et cavité gastro-vasculaire) se creuse et les tentacules se développent par des séries d'évagination autour de la bouche. C'est leur mode de propagation. Beaucoup de coraux ne pondent pas chaque année.
* Soit par bourgeonnement (reproduction asexuée), formation de colonies.
Le mécanisme de reproduction par la voie sexuée n'est pas systématique. En effet, de façon générale, quand le milieu leur est favorable les coraux préfèrent dépenser leur énergie au bourgeonnement. La voie sexuée est utilisée, entre autres, en cas de stress afin de coloniser d'autres milieux plus favorables. La période de reproduction est complètement variable d'une espèce à l'autre. Pour certaines, elle a lieu à n'importe quel moment de l'année, pour d'autres cela dépend des conditions environnantes. On observe cependant une ponte massive à la première pleine lune de printemps.
La Symbiose Les zooxanthelles (algues unicellulaires) vivent dans le cytoplasme des cellules de l'endoderme c'est à dire dans la cavité gastrique du polype. La couleur de ces algues est responsable de la coloration des coraux. Les algues grâce à la photosynthèse apportent au polype : oxygène, sucres, acides aminés, et les molécules nécessaires à la construction du squelette calcaire. Le polype fournit à l'algue : dioxyde de carbone, phosphate, substances azotées mais aussi et surtout un refuge. En cas d'expulsion des zooxanthelles, le corail perd ses pigments et donc devient blanc. C'est ce que l'on appelle le « blanchissement » qui, s'il se prolonge peut être fatal à la colonie.
Construction calcaire Les polypes ont la faculté de sécréter du carbonate de calcium. Autour des coraux, l'eau de mer est très riche en carbonate de calcium dissous qui est conservé sous forme de cristaux microscopiques semblables à des aiguilles, sous et autour du polype. Petit à petit le squelette externe se forme. C'est le calcaire qui donne cette blancheur aux coraux lorsqu'ils sont dépourvus de zooxanthelle. Le squelette a une forme particulière selon l'espèce. En revanche, la forme de la colonie va dépendre des conditions environnantes : vagues, courants, lumière et lutte pour l'espace vital. Corail à Ouvéa
Différentes formes de coraux
Les polypes vivent généralement en colonie avec des formes très variées : Corail branchu : présent en milieux calmes car cette structure est relativement fragile Corail massif : plus solide, mais ne supporte pas le déferlement violent. Ce type de corail se retrouve surtout dans des zones à courant ou faiblement agitées. Corail colonnaire (comme massif) : on le retrouve dans les zones à courant et sans vagues. Corail foliacé : fragiles, ce corail s'étend à la lumière. Présent dans les fonds de lagon et les baies abritées. Corail digité : dans les zones battues (typique notamment des crêtes récifales) Corail encroûtant Corail laminaire des fonds souvent turbides des lagons Corail tabulaire : en profondeur, forment des tables pour capter la lumière et les particules. Les formes variées correspondent à des habitats variés d'où la cohabitation d'un grand nombre d'espèces.
Facteurs conditionnant le développement des récifs corallliens
La température de l'eau doit être supérieure à 18-20°C et inférieure à 30 °C. C'est pourquoi la distribution est limitée à la zone intertropicale. De plus, dans cette zone, les récifs coralliens ne sont pas présents sur les façades occidentales des continents car ces dernières sont généralement longées par des courants froids. En cas de réchauffement trop long de l'eau, le corail va expulser les zooxanthelles et va donc perdre sa pigmentation. C'est ce que l'on appelle : le blanchissement.
L' éclairement doit être suffisant pour la photosynthèse des algues symbiotiques. C'est pourquoi les coraux seront présents à une profondeur maximale de 50 m avec une diminution importante de la densité et de la diversité des formes et des espèces à partir de 25-30m.
La salinité peut varier de 30 à 38 ‰ mais elle est optimale à 35 ‰ . Par contre, les coraux ne supportent pas l'eau douce c'est pourquoi les constructions coralliennes s'interrompent au niveau des estuaires et des passes lorsque celles ci correspondent aux anciennes embouchures de fleuves (cf. Formation des récifs coralliens).
La turbidité : les coraux sont étouffés par l'excès des dépôts sur leur polypes, de vase, de sable fin et tous les autres apports terrigènes. On comprend l'importance, en Nouvelle-Calédonie, de l'impact de l'exploitation minière qui accentue le phénomène d'érosion et entraîne une grande quantité de terre rouge dans le lagon. Il est a noter toutefois que les coraux présents dans les fonds de baies et ceux du récif frangeant sont des espèces et ont des formes adaptées, de façon naturelle, à la turbidité puisque les eaux du littoral sont normalement turbides. C'est l'excès de sédiments qui est nocifs.
L'Immersion : une émersion supérieure à 3 heures est généralement fatale (sauf aux acroporas digités qui supportent jusqu'à 10 h en plein soleil). Ainsi la limite supérieure de la croissance des coraux se situe au milieu des niveaux de marées basses et hautes.
L'oxygène : Les eaux marines sont toujours saturées en oxygène sauf dans les zones polluées. Cette saturation dépend de la température de l'eau : plus elle est fraîche et plus elle est saturée. Le fait que les coraux se développent dans les mers chaudes montre qu'ils sont plutôt moins exigeants en oxygène que les espèces des mers plus fraîches.
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recif de la pente externe de la passe de dumbea
Recif pres de Thio, est de la grande terre
Recif coralliens prEs de Thio sur la côte Est de la Grande Terre
Corail a lifou
Poisson soldat a la passe de Dumbea Murene dans la passe de dumbea
Les recifs barriere protegent des vagues du large, vague a la passe de Dumbea
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Localisation des écosystèmes coralliens
Les récifs coralliens s'étendent sur 600 000 km²… Situés dans la zone intertropicale, ils se développent dans des zones où la température de l'eau est comprise entre 20 et 29-30°C. (Cf. Facteurs conditionnant le développement). Généralement, on regroupe les récifs coralliens en deux ensembles géographiques : Le domaine indo-pacifique (Maldives, Madagascar, Afrique orientale, mer Rouge dans l'océan Indien ; sud du japon, Philippines, Indonésie, nord de l'Australie, Mélanésie, Micronésie, Polynésie dans l'océan Pacifique). Il est le plus riche en formes. Le domaine caraïbes (Antilles, Floride, nord-est du Brésil). La biodiversité de ce domaine est considérablement plus faible (de l'ordre de 10 ou 20 fois plus faible). Mais les récifs coralliens sont absents sur la côte de l'Afrique occidentale, en particulier au niveau du golfe de Guinée. De plus, au niveau de l'océan Pacifique, tous les récifs coralliens sont situés à l'Ouest excepté l'archipel des Galápagos à l'Est. Il est a noter qu'il n'y a pas de récif aux Marquises ni sur la côte de Pérou ou du Panama. Ces exceptions sont dues a la circulation océanique (upwelling) et des apports en eaux douces (comme dans l'estuaire de l'Amazone). Upwelling : Terme désignant la remontée des eaux froides profondes, riches en nutriments, vers la surface de l'océan. La plus impressionnante formation récifale est la Grande Barrière d'Australie sur la côte du Queensland. Longue de 1 600 km et large de 200 à 1 800m, elle n'est toutefois que la deuxième plus grande barrière au monde. En effet, il a récemment été établi, grâce à l'étude des images par satellite, que la barrière récifale de la Nouvelle-Calédonie est la plus longue (en continu). Les différents types de récifs coralliens
On distingue généralement 2 types d'ensembles récifaux : Le type à « 3 étapes chronologiques » qui est le cas des récifs formés autour des îles issues de « points chauds » comme celles des archipels polynésiens. Le type « construction récifale précontinentale » qui est le cas des récifs calédoniens et de ceux présents sur la Grande Barrière en Australie. Ceux ci ne sont pas amenés a être immergés ni même a finir en atoll contrairement à ceux du premier type.
Ensuite il existe 3 types de constructions récifales à méso-échelle spatiale:
Récif à Thio côte est de la Grande Terre Les récifs frangeants : Ce sont les plus simples. Ils bordent une terre émergée. Le plus souvent , ils ne sont pas directement accolés à la côte, ils en sont séparés par un « chenal d'embarcation », selon leur stade d'évolution. C'est une dépression parallèle au rivage, profonde de plusieurs dizaines de centimètres et larges de quelques dizaines de mètres. Ceci est dû à la turbidité et à la déssalure de l'eau proche du littoral. Dans le cas des types polynésiens, le frangeant va devenir barrière, tandis qu'un nouveau frangeant se reconstitue en permanence et qu'un chenal de drainage (qui évacue les eaux du déferlement) creuse en permanence ce qu'on appelle dans ce cas lagon. Il faut toutefois souligner qu'un récif frangeant abrité par un récif barrière n'a pas du tout la même structure et composition qu'un récif frangeant exposé d'une île récente comme celles du sud du Vanuatu ou comme celles à l'instar des îles loyauté qui ont eu une surrection récente. Les frangeants exposés réagissent comme les barrières en se protégeant par le développement d'algues calcaires.
Les récifs-barrières : Ce sont des récifs coralliens qui ceinturent des terres non récifales dont ils sont séparés par des lagons, profonds de quelques dizaines de mètres et de largeur variable. Barrière de corail au large de Nouméa Les récifs-barrières ne sont pas continus, ils sont interrompus par des passes qui sont souvent assez profondes (sauf dans certains atolls). C'est grâce à celles-ci que les bateaux peuvent approcher les côtes. La formation des passes est due à une baisse de la salinité de l'eau, mais ce n'est pas toujours le cas : dans les îles de type polynésien, ce sont des zones de déchirures pour l'évacuation des eaux du déferlement et certaines en Nouvelle-Calédonie sont aussi de cette nature ; en Australie, ce sont des accidents topographiques. de mer qui se mélange avec les eaux fluviales. (Cf. Facteurs de développement).
En revanche, le barrière de Calédonie, par exemple, n'a jamais été frangeant. Ce sont des constructions indépendantes entre lesquelles se trouvent "le lagon" qui n'a donc lui aussi rien à voir avec un lagon type Tahiti ou d'un atoll type Rangiroa.
Il existe des cas de double ou même de multiples barrières. Le dispositif présente alors une barrière externe et une ou plusieurs barrières internes parallèles à la première. Par exemple, on retrouve une barrière multiple sur la côte Sud-Est de la Nouvelle-Calédonie entre Canala et Thio.
Les atolls sont des couronnes récifales qui entourent un lagon sans île centrale mais parfois parsemées d'îlots coralliens bas. La grande majorité des atolls se rencontrent dans l'océan Pacifique. Les couronnes récifales des atolls ont une largeur moyenne de quelques centaines de mètres et un diamètre variable de quelques kilomètres à plusieurs dizaines de kilomètres. Leur continuité peut être interrompue par des passes ou par des "Hoas" qui délimitent des îlots coralliens "les Motus". La profondeur du lagon est de quelques dizaines de mètres. La topographie sous-marine est irrégulière. Elle est parsemée de constructions indépendantes "les pinacles". Il existe d'autres types de récifs coralliens que les trois grands types précédemment décrits, mais ils sont beaucoup moins répandus. Ce sont des faro . Petits récifs de forme annulaire isolant un lagon généralement peu profond, ils se groupent de telle sorte qu'ils forment ensemble un grand atoll. Les faro sont surtout présents dans le nord de l'archipel des Maldives, dans l'océan Indien. La formation des récifs coralliens
La formation des récifs coralliens de type "à point chaud", c'est-à-dire de type polynésiens a été décrite par Darwin au cours de son voyage autour du monde (1831-1836). Selon lui : Au niveau d'un "point chaud" océanique, une éruption volcanique permet l'édification d'un cône volcanique qui finit par émerger. Quand il cesse d'être actif et si les conditions du milieu le permettent, apparaît un récif accolé au rivage. C'est le stade du récif frangeant. Le volcan dérive ensuite sur la plaque océanique vers la fosse océanique où il y aura subduction (plongement d'une plaque océanique sous une autre). Ainsi le volcan s'affaisse petit à petit dans l'océan et le niveau de la mer monte par rapport à l'île. Grâce à la croissance verticale du corail le récif peut suivre cette élévation relative du niveau de la mer. Les différentes parties d'un récif corallien type récif barrière La subsidence (enfoncement de l'île qui, ainsi, plonge et provoque en réaction la croissance du récif vers la surface) se poursuivant, le lagon tend à s'élargir et l'île tend à se réduire. Lorsque l'île disparaît sous la surface, seul subsiste l'anneau de récif corallien : l'ensemble forme alors un atoll. Il est a noter que cette évolution est le cas des îles polynésiennes mais pas de celles comme la Nouvelle-Calédonie (type construction récifale précontinentale). Schéma des différents types de récif pour une île de type volcanique
Les récifs coralliens tropicaux suivent un cycle aujourd'hui bien connu. Notons que lors de l'éruption donnant naissance à l'île de type « point chaud », le flot de magma n'est pas un phénomène ponctuel contrairement à ce qui se passe lors des éruptions volcaniques que l'on connaît d'habitude. En effet, nous assistons ici à un phénomène continu d'éjection de matière en fusion (on ne connaît pas aujourd'hui avec précision ni la cause ni les mécanismes de ces éjections). Ces « cheminées » restent relativement fixes alors que la plaque tectonique qu'elles percent continue à se mouvoir, entraînant la création d'un chapelet d'îles volcaniques ; on voit, d'ailleurs, très bien depuis le ciel ou depuis l'espace que ces îles sont placées sur une même trajectoire.
Construction récifale précontinentale : En ce qui concerne la Grande Barrière en Australie ainsi que la barrière de Nouvelle-Calédonie, la formation est très très différente. En effet, ce qui a été précédemment décrit s'applique aux îles volcaniques telles les îles de la Polynésie. Or l'Australie et la Nouvelle-Calédonie n'ont pas pour origine un phénomène volcanique. En effet, la Nouvelle-Calédonie s'est formée par un détachement de la plaque australienne. Pendant la dérive de celle ci, un récif corallien s'est alors formé. Puis l'évolution s'est poursuivit comme pour les îles volcaniques
Cette évolution peut être interrompue pendant les glaciations. En effet, le niveau de la mer pendant le Quaternaire est descendu jusqu'à –100 à 150 m en dessous du niveau actuel et à une vitesse supérieure à celle de l'enfoncement du volcan. Le lagon ainsi que le récif corallien étaient alors émergé. En période de réchauffement, on observe le retour du corail. On retrouve d'ailleurs ces paléorécifs en profondeur. Le corail croît de quelques millimètres par an lorsque les conditions sont stables mais cela est très variable selon les espèces. Les patates de Porites, où l'on fait les carottes, croissent effectivement lentement, mais les Acroporas du platier récifal croissent bien plus vite : jusqu'à 10 cm/an . Les différentes parties d'un récif corallien type récif barrière
On peut distinguer différentes parties sur un récif corallien :
La partie somitale, "la crête" est essentiellement faite d'algues calcaires qui cimentent les blocs arrachés par les vagues (on l'appelle d'ailleurs "la Crête Algale").
Le platier récifal est généralement large de plusieurs centaines de mètres. Il affleure ou émerge couramment à marée basse et est constitué de corail mort ou d'Acroporas digités. C'est un bloc caverneux riche d'une faune cryptique variée. Sur le "platier" on a le courant de vidange du déferlement La pente interne est caractérisée par une faible déclivité. La vie corallienne y est très active et la durée de vie des massifs est plus importante du oui fait de l'absence des houles destructrices du large. On y trouve des massifs discontinus de corail vivant qui affleurent à marée basse. Entre eux, des dépôts de sables et de graviers Le lagon regroupe la partie située entre le récif frangeant et le la pente interne du barrière. De sa profondeur qui peut aller de moins d'un mètre à marée basse jusqu'à 90m dépend sa productivité et sa richesse. La transparence de l'eau dépend de la vitesse du renouvellement de l'eau océanique (le confinement) et de l'importance des apports terrigènes soit, en d'autres termes, la nature des côtes et la pluviométrie. On comprend ainsi pourquoi l'eau du lagon d'une île haute sera plus turbide étant donné que les apports terrigènes seront plus importants. Par ailleurs, là où elle existe, (il n'y a pas de marnage à Tahiti par exemple) la marée va aussi jouer un rôle important puisque lorsque celle-ci descend, l'eau du lagon chargée en matière en suspension mais également en sels minéraux nutritifs (dus au confinement , aux vases des estuaires, ou encore aux mangroves si elles sont présentes) va être évacuée vers la haute mer et enrichir celle-ci au abord du récif barrière. On retrouve dans le lagon des espèces coralliennes adaptées aux eaux turbides. L'importance écologique et économique des récifs coralliens
De nombreux êtres vivants dépendent de la bonne santé et de la pérennité des récifs coralliens.
Ils représentent avant tout un extraordinaire foyer de biodiversité . En effet, ils abritent des milliers d'espèces dont majoritairement :
Mais l'on y trouve également des échinodermes (oursins, holothuries, étoiles de mer…), des crustacés (crevettes, langoustes, crabes…), des vertébrés (reptiles mammifères et oiseaux de mer), des éponges, des vers marins, des ascidies et bien d'autres habitants. Il est même possible d'y rencontrer des espèces rares comme certains coquillages et poissons ou inoubliables (raies manta et tortues). Raie pastenague dans la passe de Dumbéa
C'est aussi une source d'emploi car 100 millions d'individus ont une activité en étroite relation avec les récifs coralliens (pêche vivrière et commerciale, perliculture, tourisme, artisanat…). Le potentiel halieutique des récifs coralliens est estimé à 15 tonnes par km² et par an (entre 4 pour des systèmes de type Atoll et 40 pour des systèmes de type indonésien). La superficie totale des récifs atteignant quelques 600 000 km², la production mondiale serait de 9 millions de tonnes par an. Bien que cela ne représente que 12% des ressources halieutiques mondiales, la dépendance des populations insulaires aux espèces associées à leurs récifs est vitale.
Il s'agit d'une source de nourriture importante. Les récifs et les écosystèmes associés constituent la principale source de protéines pour de nombreux insulaires.
Le tourisme , première industrie mondiale , repose sur la luxuriance et la bonne santé des récifs coralliens. Depuis la seconde moitié du 20ème siècle, le tourisme lié aux récifs a connu une expansion énorme: la Grande Barrière de Corail (Australie) a vu son nombre de visiteurs multiplié par un facteur 40 entre 1946 et 1980. En Polynésie, le nombre de touristes est passé de 4 000 en 1960 à plus de 122 000 en 1985 et plus de 90 000 en 2005, pour devenir la première activité économique de ce territoire. Source de revenus très importante, le tourisme est actuellement un enjeu majeur du développement économique (et du saccage écologique) de nombreuses îles. En effet, plus de 100 pays vivent des bénéfices tirés des diverses possibilités touristiques qu'offrent les environnements récifaux (plongée sous-marine, pêche de loisir, plaisance ...). Dans certains pays des Caraïbes, où les visiteurs se comptent en million (dont plus de la moitié ignorent le mot corail mais tous connaissent le mot "soleil"...), l'industrie du tourisme représente en moyenne la moitié du Produit National Brut (jusqu'à 18 milliards de dollars en 1990).
Les récifs coralliens jouent aussi le rôle de protecteurs des côtes de l'action des vagues ou d'événements cycloniques. Ils sont aussi à l'origine du développement d'herbiers à Phanérogames et de mangroves (écosystèmes étroitement associés aux récifs coralliens) dans les lagons qui favorisent la fixation des sédiments, l'oxygénation et la lutte contre l'érosion côtière. Récifs frangeants, herbiers et mangroves ont un rôle important pour la les premiers stades de vie et la croissance de très nombreuses espèces, dont certaines à valeur commerciale.
On peut déplorer aussi leur utilisation en tant que matériaux de construction dans de nombreuses îles. Ces matériaux meubles extraits du lagon par dragage fournissent des granulats pour le béton, le revêtement de chaussées ou la réalisation d'aménagements maritimes. Mais cette utilisation reste très limitée à certaines îles (heureusement...).
Par ailleurs, ils représentent un intérêt dans le domaine médical (prothèses) et pharmaceutique . Les coraux sont déjà utilisés pour des greffes osseuses et dentaires, ainsi que pour la chirurgie de la sphère ORL (oto-rhino-laryngologique). De plus, des études sur les substances chimiques produites par les organismes récifaux pour se protéger ont révélé que certaines espèces coralliennes seraient prometteuses dans la lutte contre les infections bactériologiques, la leucémie et certains cancers comme celui de la peau.
Enfin, ils font partie de la culture et des traditions des populations insulaires.
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Le recif corallien : un ecosysteme aussi fragile que magnifique….
Erosion naturelle au sud de la Grande Terre .
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Nous avons vu l'importance des récifs coralliens pour tous les êtres vivants qui en dépendent. Mais depuis quelques décennies ils n'ont cessé de subir des dégradations importantes. D'après le bilan de l'état de santé des récifs coralliens à travers le globe en 2002, il a été estimé que 58% des récifs sont menacés et 10% sont sévèrement dégradés ou détruits. Quelle que soit l'origine des perturbations, celles-ci entraînent une déstabilisation de l'écosystème qui pourrait bien être fatale à de nombreuses espèces. Il existe deux types de perturbations responsables de la dégradation des récifs coralliens :
Les perturbations d'origine naturelle
Les cyclones et autres phénomènes atmosphériques : Ils sont courants en zone intertropicale, sont à l'origine de vents violents provoquant une houle et des vagues d'une ampleur impressionnante. Ils ont donc une action de destruction mécanique, surtout au niveau des platiers coralliens internes et externes et des pentes externes. Mais ceci n'est pas tout. En effet, les pluies torrentielles associées le plus souvent aux cyclones ou aux dépressions tropicales diminuent fortement la salinité de l'eau et accentuent le ruissellement sur l'île d'où une turbidité plus importante. L'augmentation de ces matières en suspension dans l'eau de mer peuvent alors provoquer l'asphyxie des herbiers et des coraux. Les hautes pressions barométriques ont aussi un impact sur les récifs. Il s'agit d'une forte augmentation de la pression atmosphérique. Celle ci a pour conséquence d'abaisser le niveau de la mer de façon prolongée et donc une exondation des coraux pouvant être létale d'autant que c'est souvent associé à un fort ensoleillement et une faible agitation. Il est important de noter que ce sont des phénomènes naturels auxquels les coraux sont habitués à faire face depuis le début. En effet, chaque récif corallien peut supporter le passage de 1 à 3 fois par siècle le passage d'un cyclone ou d'un tsunami et ce depuis des millénaires.
Le réchauffement de l'eau de mer : Une période de temps très calme en période chaude va avoir pour incidence d'augmenter la température de l'eau. Nous avons vu plus haut que les coraux ne pouvaient tolérer une exposition longue à une température proche de 30°C. En effet, les polypes expulsent alors les zooxanthelles et perdent ainsi leur pigmentation. C'est ce que l'on appelle le blanchissement des coraux. En Nouvelle-Calédonie, en 1995, un phénomène de blanchissement inédit a été observé faisant suite à une augmentation anormale de la température de l'eau. (données IFRECOR)
L'invasion de prédateurs des coraux : le prédateur le plus connu des coraux est une étoile de mer : Acanthaster planci. Souvent présentée comme le diable en personne pour le corail, c'est une étoile de mer qui se nourrit de polypes vivants dont elle digère les tissus, ne laissant que des squelettes blanchis. Elle se montre particulièrement active vis à vis des coraux branchus. La prolifération de ces étoiles de mer est souvent considérée comme un fléau faisant des dégâts très étendus. De nombreuses campagnes de destruction de cette étoile de mer ont été lancées dans les pays atteints mais cela s'avère souvent inefficace. De plus la destruction d'une de ces étoiles stimulerait la prolifération des autres. Au niveau de la Grande Barrière en Australie, on note une régression de ces prédateurs et une reprise de la vie corallienne et on note aussi que ces fluctuations de "blooms" et de raréfaction existent depuis des millénaires et cela bien avant non seulement l'industrialisation mais l'Homme tout simplement. Certains pensent que ces phénomènes sont plus fréquents et que l'augmentation de la fréquence serait due à l'activité humaine. Mais il n'y a aucune preuve... A noter qu'il y a bien d'autres corallivores comme les poissons Chaetodon (mais eux sont jolis alors on ne dit rien...). Chaetondons sur la pente externe de la passe de Dumbea Un autre point important est que par essence le corail (être vivant) produit de la matière très rugueuse et meurt et que c'est justement cette qualité (que n'a pas un bloc de granite) qui permet l'extrême diversité des peuplements annexes. Sans ses cadavres nous n'aurions pas par exemple les herbivores dont l'importance est unique dans ces milieux.
Les perturbations d'origine anthropique
Parce que cet écosystème est situé à proximité du littoral, il est soumis directement à l'action de l'Homme.
Pour commencer, il y a la pêche. En effet, de nombreuses méthodes destructrices ont été mises au point pour optimiser la prise de poissons coralliens. En particulier, la méthode du dynamitage. Celle-ci s'est généralisée dans l'océan Pacifique après le passage des armées au cours de la Seconde Guerre Mondiale. De nombreux lagons ont ainsi été dévastés. Enfin, on trouve aussi l'utilisation de cyanure pour capturer les poissons récifaux destinés à des aquariums. Le pêcheur plonge à l'aide d'une bouteille de cyanure qu'il disperse. Ce produit endort les poissons qui remontent à la surface. Il ne reste plus qu'à les ramasser. Ce genre de technique est très risquée puisque cela est très toxique à la fois pour les coraux et pour les autres organismes récifaux.
Ensuite, les activités extractives agressent de façon importante les récifs coralliens. Comme nous l'avons vu, le corail peut être utilisé comme matériau de construction et il représente parfois la seule source (dans le cas des atolls) de matériau. Avec les moyens techniques actuels, les volumes prélevés dépassent largement ceux créés par la croissance des récifs. De plus, l'extraction va entraîner une augmentation de la turbidité de l'eau qui n'est pas sans gêner la vie corallienne.
L'agriculture et l'exploitation minière agissent aussi sur la vie corallienne. L'agriculture intensive tend à augmenter, via les eaux de ruissellement, la quantité de différents produits nocifs :
De plus, le défrichement à des fins agricoles (feux de brousse, particulièrement en Nouvelle-Calédonie) ou pour l'extraction de minerai comme le nickel en Nouvelle-Calédonie accentuent le phénomène d'érosion et augmentent les apports terrigènes dans le lagon. Site défriché sur la mine de Goro : érosion accentuée par l'exploitation minière
En ce qui concerne l'exploitation minière en Nouvelle-Calédonie, depuis 1976, les exploitants sont dans l'obligation de remettre le site en état, ou du moins essayer…(Cf. Dossier Nickel et Environnement : "Une politique environnementale plus respectueuse qu'autrefois").
L'urbanisation apporte aussi son lot de dégradations. Avec le développement des populations, de nombreux aménagements sont effectués à savoir la construction de routes, d'immeubles, de parking etc… Autant d'avantages pour les populations qui sont fatals aux coraux. C'est sur le littoral de Nouméa que l'urbanisation pèse le plus sur le récif corallien de Nouvelle-Calédonie. Des très importantes portions de mangroves et de récifs frangeants ont, en effet, été détruits depuis 1960. L'eutrophisation due aux rejets des eaux usées accentue encore les méfaits de l'urbanisation. Mais cet effet est différent selon les espèces de corail. Les algues à croissance rapide sont favorisées et prennent la place des coraux.
La beauté des récifs coralliens est indispensable au développement du tourisme de certaines îles. Mais ceci est à double tranchant. En effet, depuis les installations pour l'accueil, le transport et jusqu'aux activités récréatives, l'afflux de quantités de touristes dégrade les récifs coralliens. Les promeneurs écrasent sous leurs pieds les coraux fragiles, les plongeurs les abîment avec leurs palmes, les ancres labourent les récifs tandis que les plus romantiques ou artistes prélèvent des organismes encore vivants pour le souvenir… Bien qu'en Nouvelle-Calédonie le tourisme n'ait pas un développement comparable à celui de l'Australie, on note tout de même environs 12 000 embarcations de plaisance, de pêche et de loisirs en mer dont plus de 60% dans le Grand Nouméa.
Le trafic maritime est important en Nouvelle-Calédonie en raison de l'exploitation minière. En effet, les opérations de chargement et de déchargement du minerai constituent des risques de pollution avec le déversement accidentel d'hydrocarbures et de produits chimiques.
cdsdsfds fdsfdsf Traffic maritime à Nouméa Enfin l'aquaculture constitue aussi une menace pour les coraux. En Nouvelle-Calédonie, particulièrement, la production de crevettes est importante et les eaux usées des fermes chargées en éléments nutritifs sont rejetées dans le lagon et pourraient affecter les récifs. Suivi et contrôle de l'état du récif corallien de Nouvelle-Calédonie
Dans le contexte de l'Initiative Internationale pour les Récifs Coralliens (ICRI) à laquelle la France est partie prenante depuis 1994, une Initiative FRançaise pour les Récifs Coralliens (IFRECOR) a été lancée en 1999. Celle-ci opère sous la responsabilité des Ministres de l'Ecologie et du D éveloppement Durable, et de l'Outre-Mer. Il s'agit d'un groupe de travail réunissant les Provinces (qui sont compétentes en matière d'environnement), les instituts de recherche (Université de Nouvelle Calédonie, IRD…) et le Centre d'Initiation à l'Environnement (CIE) mais il y a aussi (et surtout) les Associations et les ONG locales et dont le but est de travailler ensemble à la sauvegarde de ce trésor calédonien. Un plan d'action national a été élaboré et intègre notamment la surveillance de l'état de santé des récifs. Les rapports et synthèses régionaux sont transmis au Coordonnateur du Réseau Mondial de Surveillance du Milieu Corallien (Global Coral Reef Monitoring Network) qui rédige un bilan mondial de l'état de santé des récifs coralliens tous les 2 ans. Pourtant ces évaluations et le réel état des récif restent discutés… de nombreux enjeux en dépendent. Etat du récif corallien de Nouvelle-Calédonie
Les récifs coralliens sont considérés comme « florissants ; le littoral et le milieu marin ne sont affectés qu'aux abords de Nouméa, où les récifs frangeants et les mangroves régressent, et aux embouchures des rivières polluées par les extractions minières ». Ce sont l'excès de sédiments terrigènes provenant de l'érosion naturelle et de l'activité minière ainsi que la pollution chimique et les aménagements littoraux en zones urbaines de Nouméa qui affectent le plus les récifs de Nouvelle-Calédonie. (Sources : « L'Etat de l'Environnement dans les Territoires Français du Pacifique Sud - La Nouvelle-Calédonie – Mars 1995 »)
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protection et restauration des recifs coralliens endommages .
corail pres de l'epave du snark
Plongeur dans la passe de Dumbea
Mangrove dans la baie de prony, sud
Partie de l'equipage de l'Isabelle : les protecteurs du lagon...
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La première chose à faire dans l'optique de protéger et de restaurer un écosystème corallien, c'est de stopper les causes de dégradation aussi bien sur la terre que sur les récifs eux mêmes. Afin d'aider le récif à se reconstituer, différentes méthodes sont utilisées dont la restauration. Les différentes techniques de restauration du récif Restauration physiqueLa restauration physique a lieu lorsque le récif a subit une modification qui nécessite une stabilisation. Cela s'effectue grâce à la réparation, la création d'un substrat ou encore l'augmentation de la surface disponible pour le récif. Cette technique est particulièrement utile lorsque le récif a été endommagé, lorsque la recolonisation semble difficile ou lorsque le récif ne joue plus son rôle protecteur. La restauration physique consiste à mettre en place des structures naturelles (blocs ou pâtés coralliens morts) ou artificielles (pneus, épaves, structures métalliques ou béton…). Au fil du temps, le corail va se développer dessus, et c'est tout un écosystème qui va coloniser ce nouveau fond rempli de recoins. Mais des taux de 80 % de coraux morts sont normaux à l'intérieur du lagon. Non seulement normaux mais nécessaires au développement d'une foultitude d' invertébrés, d'herbivores…. La Nouvelle-Calédonie possède quelques épaves dont certaines ont été coulées volontairement afin de fournir auxaux plongeurs de nouveaux sites de plongées. Cela permet de canaliser le tourisme dans un endroit où ses effets seront moins importants (par exemple, La Dieppoise, le Toho...).
cdsvdsvdsvdsvdsvdsvEpave de la Dieppoise
Lorsque les dégâts ne sont pas trop importants la restauration physique peut se limiter à un simple nettoyage du site comme par exemple lors d'échouages de navire.
Restauration biologiqueCe type de restauration est plus délicat que le précédent. En effet, elle fait intervenir la manipulation d'espèces vivantes du milieu récifal (coraux, poissons, algues, oursins…). Dans la plupart des cas elle se déroule en plusieurs étapes : Tout d'abord cela commence par la refixation de fragments ou de colonies coralliennes cassées. Puis cela se poursuit par la transplantation d'espèces issues du milieu naturel des sites non dégradés ou de cultures. Enfin, l'ensemencement d'un substrat à l'aide des fragments de coraux. Pour que cette technique soit efficace, une bonne connaissance du milieu ainsi que son fonctionnement et le réseau d'interactions entre les différentes espèces qui le constituent est nécessaire. Cela permet de favoriser le retour à l'équilibre du site dégradé.
Mais rappellons que la meilleure façon est d'arrêter les nuisances, et la nature saura mieux que quiconque rebâtir ce qu'elle doit...
Restauration mixteCela regroupe des techniques faisant intervenir une restauration physique et une restauration biologique. Elle est employée lorsque le récif a été endommagé de façon importante par une action humaine ponctuelle qui nécessite une réhabilitation physique. Celle-ci est accompagnée d'une transplantation de coraux sur le nouveau substrat. Ainsi, on retrouve un substrat artificiel avec des coraux transplantés. Mais ce type de restauration n'est qu'à l'état expérimental (Mayotte et Moorea en Polynésie Française) ; que cela donne souvent des paysages très transformés et que le coût est exorbitant. (cf "Remarques sur les idées reçues...")
Un moyen de protection suggéré en Nouvelle-Calédonie l'inscription au Patrimoine Mondial de l'UNESCO :
Un sujet très controversé en Nouvelle-Calédonie depuis quelques années est l'inscription du récif au Patrimoine Mondial de l'UNESCO (United Nations Educational Scientific and Cultural Organization) . En effet, considéré comme un moyen de protection de ce trésor menacé et de stabilisation de l'économie calédonienne pour les uns, l'inscription apparaît pour les autres comme un leurre qui ne permettrait pas de protéger le récif.Le but de ce paragraphe est de faire un bilan, en rappelant ce qu'est l'inscription au Patrimoine Mondial, sur les arguments en faveur et les arguments contre. Qu'est ce que l'inscription au Patrimoine Mondial ?(Source : www.unesco.org ) Pourquoi un classement du Patrimoine Mondial ? En 1992, l'UNESCO crée le Centre pour le Patrimoine Mondial. Celui ci a pour but de mettre au point une approche pour la conservation des biens du patrimoine culturel et naturel « ayant une valeur universelle exceptionnelle ». Pour cela il tente de faire respecter au maximum, aux Etats membres, la Convention de 1972 concernant la protection du Patrimoine Mondial culturel et naturel. L'inscription des sites au classement du patrimoine mondial permet à chaque pays, qui en a besoin, de bénéficier de la coopération de la communauté internationale, de sensibiliser la population à la valeur exceptionnelle d'un site et pour la préservation de ce patrimoine.
Comment inscrire un bien ? Une des premières étapes de l'inscription d'un bien est l'identification par un Etat membre de la Convention d'un site sur leur territoire méritant d'être préservé. Grâce à cela, il dresse un inventaire répertoriant ces sites. La demande d'inscription doit venir de l'Etat sur le territoire duquel se trouve le bien. En ce qui concerne la Nouvelle-Calédonie, de part son statut particulier, ce sont les présidents de Provinces, (puisqu'elles sont compétentes en matière d'environnement) qui doivent en faire la demande auprès des Ministères du Développement Durable et de l'Outre-Mer. La demande est alors transmise à l'Etat français qui doit, s'il le veut bien, déposer le dossier à l'UNESCO pour examen.
La demande d'inscription doit contenir plusieurs choses essentielles : Une description précise et détaillée du bien à protéger Un plan de gestion et de protection du site.
On comprend donc que pour pouvoir inscrire un site au patrimoine mondial il faut que celui ci soit considéré comme exceptionnel du point de vue universel et que l'institution compétente soit capable d'assurer une bonne gestion et conservation du bien. C'est le Comité du Patrimoine mondial qui décide de l'inscription. Les dossiers sont examinés une fois par an. Si le site est retenu, il est alors directement inscrit au Patrimoine Mondial.
Quelles sont les conséquences ? L'inscription au patrimoine mondial apporte, uniquement, un label international visant à montrer au monde entier la beauté et la valeur d'un site mais aussi l'importance de le protéger. Le rôle de l'UNESCO est d'aider, de conseiller, d'assister dans l'urgence, d'épauler et d'accompagner les Etats qui ont signé la convention de 1972. Mais la Convention "demande à chaque Etat membre d'assurer la protection et la présentation des sites culturels et naturels sur son territoire. Ceux ci se sont donc engagés à adopter des mesures juridiques, scientifiques, techniques, administratives et financières pour la protection des sites inscrits". En Nouvelle-Calédonie, le dossier de demande d'inscription déposé le 1 er février 2002 a été renvoyé par l'UNESCO. En effet, celui-ci manquait d'une description précise du bien à inscrire ainsi que d'un plan de gestion détaillé. Il semblerait aussi que la procédure n'avait pas été respectée puisque la demande n'était pas faite par les personnes en charge et ne respectait pas le souhait de la Province sud (gestionnaire et compétent en matière d'environnement). L'UNESCO aurait renvoyé la copie et aurait trouvé une excuse avouable pour tirer de l'embarras une demande maladroite.
Les arguments favorables à l'inscription
Un trésor à protéger : Le récif barrière de Nouvelle-Calédonie est le plus long au monde. Il s'agit donc d'un trésor unique à protéger. En effet, nous avons déjà pu voir à quel point les écosystèmes sont riches mais aussi très fragiles. Il est donc important de se préoccuper dès maintenant de sa sauvegarde afin de pouvoir transmettre aux futures générations un lagon encore en possession de son trésor. Corail sur l'épave du Snark Certes, l'état du récif est excellent, bien que l'on constate déjà des transformations anthropiques à Nouméa. Il serait donc plus judicieux de ne plus commencer à se préoccuper des écosystèmes lorsque la situation est déjà grave. « Mieux vaut prévenir que guérir ». Le récif calédonien possède une particularité supplémentaire : il est situé prés d'un courant qui fait que en cas de réchauffement poussé de l'eau de mer, ce récif serait le moins affecté. Ainsi, si les autres récifs venaient à disparaître, la barrière calédonienne serait la dernière chance pour tous les écosystèmes coralliens.
Le tourisme au secours de la Nouvelle-Calédonie ? L'inscription au Patrimoine Mondial permet de montrer au monde entier la richesse du lagon de Nouvelle-Calédonie. Cela développerait donc le secteur du tourisme sur l'île. Celui ci pour l'instant encore peu développé pourrait ainsi prendre son envol comme en Australie. L'économie du pays, basée pour le moment, sur l'exploitation du nickel pourrait se diversifier et se stabiliser. En effet, les cours du nickel fluctuant de façon assez importante, le tourisme pourrait apparaître comme un avenir plus sûr pour la Nouvelle-Calédonie qui aurait le pouvoir d'être plus exigeante en matière environnementale vis à vis des sociétés minières. Déjà, l'inscription au Patrimoine Mondial pourrait entraîner des mesures environnementales très contraignantes pour l'exploitation du nickel. Les arguments défavorables à l'inscriptionUne des craintes serait que le nombre supplémentaire de touristes détruise de façon importante le récif et ne rapporte pas les recettes nécessaires pour la mise en place des mesures de protection.
L'écosystème le moins menacé de Nouvelle-Calédonie : en effet, considéré par les organismes compétents comme en bonne santé, il semble plus urgent de protéger des richesses hautement plus affectées en Nouvelle-Calédonie telle la mangrove largement menacée par le développement urbain et indispensable au paysage calédonien ou encore la forêt sèche (Cf. dossier "La Forêt Sèche : un trésor en danger !"). Seul le littoral de Nouméa serait donc préoccupant. Forêt sèche de Mépouiri
De plus, la Nouvelle-Calédonie comprend environ 250 000 habitants dont 60% sont présents dans la Province Sud. L'intérêt de classer le récif de la Province Nord ne semble pas très pertinent.
Un plan de gestion de Titan : dans le dossier sur les réserves marines la gestion de celles-ci est détaillée. Les organismes de gestion des aires marines protégées se considèrent déjà submergés. En effet, une grande quantité de réserves a été mise en place mais seuls deux bateaux et bientôt trois en assurent la surveillance. Isabelle, le bateau de surveillance des réserves marines de la Province Sud
Le projet d'inscription au patrimoine mondial et donc de mise en réserve de tout le lagon paraît donc être une tâche colossale pour les acteurs concernés. Le manque de moyens humains et financier est déjà posé à l'heure actuelle et il serait difficile pour une population de 250 000 habitants de supporter le coût d'une telle gestion. En effet, il peut arriver que l'UNESCO apporte un soutient financier mais cela se produit uniquement en cas de situation d'urgence et pour des pays à faible PIB (Produit Intérieur Brut). Or la Nouvelle-Calédonie reste liée à la France et son PIB est par-là même élevé comparativement aux autres pays du Pacifique. Il semblerait donc que la Nouvelle-Calédonie doive supporter seule la gestion de la protection de la plus longue barrière récifale au monde...
Le problème de la pêche : le secteur de la pêche en Nouvelle-Calédonie concerne principalement la pêche vivrière opérée en tribu. En effet, les tribus vivant sur la côte se nourrissent en grande partie de poissons pêchés dans le lagon. L'inscription au Patrimoine Mondial pourrait interdire cette forme de pêche. Pêcheurs kanaks à Houaïlou
La pression touristique : La Nouvelle-Calédonie malgré tous ses joyaux n'est pour l'instant pas une destination touristique prioritaire. Si l'inscription au Patrimoine Mondial a pour but le développement du tourisme sur l'île, il va d'abord falloir surmonter d'autres obstacles. En effet, le coût élevé de la vie, le prix du billet d'avion (pour les métropolitains) sont des freins majeurs au développement de ce secteur. Par ailleurs, la population est-elle prête à recevoir un afflux aussi important de touristes? La protection passe par la sensibilisation et certains sites ne disposent pas encore de toutes les infrastructures nécessaires pour l'accueil des touristes en toute sécurité pour le récif. D'ailleurs, il ne faut pas oublier que le tourisme s'accompagne de logements, de moyens de transports etc… qui ne sont pas encore présents sur l'île. C'est pourquoi le tourisme apparaît pour certains comme étant très destructeur. On peut en arriver même à se demander si certains sites ne seraient pas mieux protégés tout simplement en tombant dans l'oubli…
L'inscription du récif calédonien reste donc un débat bien ouvert. L'important est de garder un objectif en tête : protéger le récif. Une issue pourrait résider dans une des failles du dossier de demande d'inscription à savoir la délimitation précise du récif à inscrire. En effet, ce qui semblerait mettre d'accord la majorité des acteurs serait l'inscription du récif situé au niveau de Nouméa ou bien au niveau de ce qui est appelé « la Côte Oubliée », côte restée encore assez sauvage puisque dépourvue de route… ... affaire donc à suivre....
Quelques remarques à méditer ben loin des idées reçues...
Le changement climatique : Il est évident que cela est un problème et que cela aurait un impact sur les récifs. Mais au cours du quaternaire, ils ont subit des températures plus importantes que celles qui risquent d'arriver dans ce siècle. En ce qui concerne le CO2, il y a actuellement deux discours autorisés qui aboutissent à deux conclusions diamétralement opposées. En substance l'une, au premier degré, voudrait que le CO2 plus abondant permette un développement plus important des récifs (grâce à l'action photosynthétique des algues en symbiose), l'autre, au second degré, voudrait que le CO2 qui acidifie l'eau, réduise ou empèche la construction corallienne.
Le bouturage artificiel : C'est une méthode trés controversée : 1°) Parce que bien souvent si les coraux disparaissent d'une zone c'est qu'il y a une bonne raison. Et ce n'est pas parce qu'on en mettra d'autres que ces derniers survivront. Il vaut mieux trouver la cause, la réduire ou la supprimer et les coraux reviendront très vite et tout seuls. Surtout les Acroporas. 2°) Nous ne savons bouturer pratiquement que les Acroporas ce qui nous amène à faire des zones monospécifiques qui sont autant de « taches » dans le paysage qu'une plantation de sapins dans la forêt amazonienne. En plus ceci est fait sur des gros blocs de béton et enfin et surtout bien souvent sur des fonds meubles sous prétexte qu'il faut du corail partout et que les zones qui n'en ont pas sont des zones malades. Or ces substrats meubles sont classiquement très riches, diversifiés à leur manière et surtout indispensables au reste du lagon. Avec ce thème on rejoint les travers de notre époque qui font que nous mettons notre « nez » partout dans le design de la nature et avons décidé qu'il y avait des zones naturelles « bien » et d'autres « mal ». Les fonds meubles parce qu'ils sont monotones sont donc « mal » et le corail construit parce qu'il est richement coloré est donc « bien ».
Le milieu « fragile » : L'expression trompeuse que l'on retrouve partout en introduction et qui laisse penser que le récif est une œuvre en cristal cassable. En réalité, il n'est pas si facile de « casser » l'écosystème récifal. Il est beaucoup plus simple de « casser » une lagune côtière. Dans une lagune, en une nuit, tout peut naturellement mourir et la lagune devenir totalement déserte. Il est pratiquement impossible que cela arrive dans une communauté récifale (même les bombes atomiques n'y sont pas arrivées !). En revanche, la lagune en quelques jours reprend vie et foisonne d'activités. Toutefois, si vous endommagez un récif sur une importante zone il mettra un temps immense pour recouvrer sa diversité biologique si tant est d'ailleurs qu'il la retrouve un jour, car de toute façon plus rien ne sera comme avant. C'est en ce sens qu'il est fragile. Sa biodiversité le rend à la fois résistant (ou résiliant) et fragile.
Lien vers le poster : "Les récifs coralliens : un trésor à sauvegarder !"
Merci beaucoup à tous ceux qui nous ont permi de réaliser ce dossier, en particulier à : Claude Chauvet pour son savoir sur les récifs coralliens et sur la Nouvelle-Calédonie, IFRECOR et son directeur Sylvain Védel, Pascal Hébert pour ses informations sur la demande d'inscription du récif.
Bibliographie : Roland Paskoff. "Les littoraux. Impact des aménagements sur leur évolution". 1998. 257p
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