Isabelle et ses protecteurs...

Pendant 2 jours, nous avons eu le privilège de partir avec Isabelle et ses protecteurs.

Nous avions rendez-vous à Ouano, au niveau de l'embarcadère ... Dans la douceur du matin, Isabelle apparaît avec toute sa splendeur, encadrée par ses protecteurs dont seuls les ombres se dessinent derrière elle.

Qui ne la connaît pas ? Elle est élancée, toute en longueur. Elle n'a pas peur de faire face au vent. Ses protecteurs sont toujours à ses côtés, surveillent sa ligne, son équilibre, la guident avec dextérité et guettent les mauvaises humeurs de la princesse du lagon. Elle connaît tous les recoins du récif, elle sait se faufiler discrètement dans les réserves à la condition que ses protecteurs lui prêtent main-forte... Les pêcheurs la connaissent très bien, certains respectent ses volontés, d'autres lui désobéissent.

Aujourd'hui, Isabelle s'est spécialement déplacée pour une opération bien particulière. Elle accompagne les scientifiques et techniciens faire un point-zéro avant mise en réserve d'une partie du lagon au niveau de La Foa. C'est une des missions dont s'occupe Isabelle, un des 3 bateaux de la Direction des Ressources Naturelles (DRN) de la Province Sud.

Nous avons pu rencontrer l'équipage de l'Isabelle , véritables protecteurs de l'embarcation. Christophe, Thierry, Fabrice et Lucien travaillent à la DRN pour la protection du lagon et le respect des réserves marines instituées.

Equipage de l'Isabelle

À bord de l'Isabelle , ils ont plusieurs fonctions :

Protection des réserves marines

La mission principale de l'équipage est de surveiller les réserves. Pour cela, ils quadrillent le lagon guettant les plaisanciers non informés ou malveillants. Rappelons que, dans les aires marines protégées, il est interdit de pêcher, capturer cueillir ou récolter tout animal (coraux, poisson, coquillage), minéral ou végétal.

Leur statut d'Agent de Police Judiciaire (APJ) leur permet de constater des infractions et de les rapporter à la gendarmerie. L'amende dépend alors du Procureur. En pratique, le premier constat d'infraction est pénalisé d'une amende dont le montant dépend de la nature de l'infraction (pollution, pêche abusive...). En cas de récidive, le bateau est alors confisqué.

Le constat en flagrant délit est malheureusement difficile et rares sont les amendes qui arrivent jusqu'au bout de la chaîne.

Pour éviter de se faire repérer par les navigants, l'équipage a la possibilité d'utiliser des bateaux de location mais cela revient cher et n'est sans doute pas fait assez souvent. De plus, en théorie, les horaires de surveillance devraient varier afin de surprendre les habitués des réserves.

Aide aux scientifiques

Soazig Le Mouellic et Laurent Wantiez en mission à Ouano pour l'établissement de l'état de référence de la zone avant la mise en réserve

Ils accompagnent les scientifiques dans leurs études des réserves marines. Ainsi, pour cette mission à Ouano, les biologistes doivent évaluer la densité et de la variété du peuplement du lagon avant sa mise en réserve afin de les comparer avec celles des années suivantes. Pour cela, les biologistes (Laurent Wantiez et Soazig Le Mouellic) réalisent des comptages (poissons, substrats, macro benthos...) à l'aide de transects sur des stations qui ont été choisies auparavant. Le travail y est laborieux puisqu'ils doivent effectuer le comptage sur 4 stations différentes par jour pendant 2 semaines.

Outre cette fonction d'accompagnement au cours des missions scientifiques, les marins de l'Isabelle rendent comptent à la DRN de leurs observations, des éventuels impacts sur les îlots en réserve de la fréquentation de la population humaine.

Soazig Le Mouellic

Reboisement et aménagement des îlots.

Les membres de l'équipage contribuent également au reboisement des îlots mis en réserve en prélevant des graines dont l'origine est soigneusement notée. Les plantes, élevées en pépinières, sont ensuite replantées sur les îlots d'origine. Cette augmentation de la végétation a pour but d'éviter une érosion trop importante des îlots. Dans cette perspective, il va de soit qu'il est interdit de dégrader la végétation fragile des îlots.

Ils alimentent également les îlots en bois (venant de Nouméa) pour les « coins feu » des piques niques, la loi interdisant d'y couper du bois.

Les interviews terminées, l'Isabelle et ses protecteurs nous ont ramenés à quai. Une chose est sûr, l'Isabelle est investie d'une bien belle mission. Encore beaucoup de questions en tête concernant la réelle efficacité de la dissuasion d'un tel moyen de surveillance du lagon...

Dossier "Les Réserves Marines : Outils de protection ou principe de précaution ?"