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La Nouvelle-Calédonie doit à son cousinage lointain avec le Gondwana, à sa situation géographique, son insularité et à sa longue histoire géologique tourmentée, une faune et une flore uniques. Classée au cinquième rang mondial en termes de biodiversité, la Nouvelle-Calédonie est dotée d'un joyau qu'il faut protéger. Les différents types de réserves terrestres des Provinces Nord et Sud ont pour objectif de préserver cet environnement. Sentier du Parc de la Rivière Bleue Parcs et réserves de Nouvelle-Calédonie
Le Parc de la Rivière Bleue en Nouvelle-Calédonie
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parcs et reserves de nouvelle-caledonie : vue depuis "le sentier des 3 forets" - (parc de la riviere bleue)
Figure 1 : Carte des reserves terrestres de la Nouvelle-Caledonie
fougere arborescente
entree reglementee du parc de la riviere bleue
la riviere bleue depuis "le sentier des kaoris" (parc de la riviere bleue)
Parc de la riviere bleue
panneau de sensibilisation sur le cagou
pont perignion (parc de la riviere bleue) depuis le cyclone erika (2002) ce pont est impratiquable en voiture. seuls les visiteurs les plus courageux et sporitfs viennent profiter du parc a velo ou a pied...
vue depuis "le sentier des 3 forets" - (parc de la riviere bleue)
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Les différents types de réserves terrestres :
L'essentiel des réserves terrestres se trouve dans la Province Sud ( Cf. figure 1 ). Avec une surface totale des aires terrestres protégées proche de 47 000 hectares, ces 23 réserves représentent près de 7 % de la superficie de la Province Sud. Deux projets en cours devraient aboutir d'ici l'année 2006 à la création de 2 réserves supplémentaires (le Parc des grandes Fougères et le Parc de Dumbéa). Tableau 1 : Les différents types de réserves de la Province Sud
La Province Nord, moins peuplée et au développement économique plus mesuré, est également dotée de 4 réserves dont la superficie totale atteint près de 11 000 hectares.
Tableau 2 : les différents types de réserves de la Province Nord.
Dans la Province des îles Loyauté, la notion de réserve n'existe pas, mais la pratique coutumière joue un rôle important en établissant des tabous sélectifs, c'est-à-dire en interdisant l'accès à certaines zones. Certains espaces sont ainsi protégés par les croyances ou l'histoire de la tribu.
La réglementation varie en fonction du type de réserve (Cf. tableaux 1 et 2) et de l'objectif de la réserve. S'il est interdit d'accéder aux réserves intégrales, l'accès est réglementé dans les réserves de faune, de flore et les parcs provinciaux. La création des réservesÀ l'exception des 2 projets de réserve devant aboutir en 2006, la totalité des réserves terrestres a été créée il y a plus de 20 ans. Le Service des Eaux et Forêts avait délimité des réserves dans des endroits présentant des espèces rares ou un peuplement significatif dense d'espèces endémiques (présentes uniquement en Nouvelle-Calédonie). Le fondement s'appuie donc sur des critères écologiques mais principalement botaniques. En 1982, la délibération des Assemblées Territoriales définit les différents types d'aires protégées (réserve spéciale botanique, réserve intégrale.). Aujourd'hui, les demandes internes (par les politiques...) ou externes (par les associations, les communes...) se font auprès des Provinces qui sont compétentes en matière environnementale. Elles réalisent alors des études de faisabilité et de meilleure connaissance du patrimoine pour déterminer la surface potentielle à mettre en réserve ainsi que le type lui correspondant. Pour en savoir plus sur le statut des réserves naturelles terrestres en France: http://www.ecologie.gouv.fr/article.php3?id_article=2011 www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/Depliant.pdfLa délimitation des réserves Il peut paraître étrange de délimiter sur une carte une ligne virtuelle définissant une zone au-delà de laquelle la réglementation devient stricte. La délimitation des réserves terrestres répond en fait à plusieurs critères :
Elle tient compte des habitats et tente de rééquilibrer les différents types d'écosystèmes (actuellement les forêts sèches sont sous-représentées dans les réserves par rapport aux forêts humides et aux maquis).
Elle essaie au maximum de faire correspondre la frontière de la réserve terrestre avec des frontières naturelles.
Elle ne peut s'implanter dans des zones privées sans l'accord des propriétaires. Les moyens de communication Une fois que la décision de mise en réserve d'une zone est prise, l'Assemblée de Province définit un texte réglementaire qui paraît dans le Journal Officiel de la Nouvelle-Calédonie. Un support médiatique (télévision, brochures...) est censé informer la population de cet évènement.
Panneau de sensibilisation sur les oiseaux du Parc de la Rivière Bleue Le service des Parcs et Réserves de la Direction des Ressources Naturelles (DRN) a pour rôle, entre autres, d'assurer la surveillance des réserves terrestres de la Province Sud. Une mission bien difficile quand on considère que seulement 40 personnes sont responsables de plus de 47 000 hectares! Dans la plate-forme de surveillance, les agents des parcs ont un rôle central. Une équipe de 12 agents est ainsi basée au Parc de la Rivière Bleue, à Yaté et au Mont-dore. Certains sont assermentés, c'est-à-dire qu'ils ont le droit de dresser un constat en cas d'infraction de la réglementation par des visiteurs du parc. Une équipe volante de 4 agents complète ce réseau. Il est à noter que, dans certaines zones, la surveillance est déléguée à la ville de Nouméa (Ouen Toro) ou à un opérateur privé (Chutes de la Madeleine). Une telle équipe de surveillance ne suffirait pas à assurer la surveillance de zones d'une ampleur aussi importante si les réserves terrestres n'étaient pas naturellement protégées par leur difficulté d'accès (comme la Haute Pourina). Christophe Lambert, directeur du service des Parcs et Réserves de la Province Sud, évalue à près de 50 % les réserves ainsi protégées. Une réglementation respectée ?
Il est à regretter qu'aucune étude ne permet de vérifier si la réglementation est bien respectée. Selon Christophe Lambert, dans les sites surveillés par les agents, seule une fraction mineure des visiteurs ne respecte pas les règles des parcs. Il s'agirait de visiteurs totalement désintéressés par les panneaux de sensibilisation à l'environnement, qui se rend dans les parcs en réserve uniquement pour profiter des aménagements (accès à la baignade facilité...). Rôle des parcs et réserves
Selon Christophe Lambert, un parc zoologique doit être investi d'une mission de conservation. Dans cette perspective, depuis plus de 20 ans, les programmes de protection de l'environnement basés dans les réserves terrestres se développent. C'est ainsi que naît, en 1978, le "Programme Cagou" dans le but d'assurer le repeuplement de ces oiseaux endémiques et menacés d'extinction. D'autres programmes concernant des espèces d'oiseaux de la Nouvelle-Calédonie (perruche, méliphage noir, notou) permettent une meilleure gestion en récoltant des informations sur la biologie des espèces en milieu naturel. Ainsi les parcs permettent d'acquérir des connaissances sur notre environnement. Si les parcs ont pour vocation première la conservation et la valorisation de la biodiversité, ils ont également un rôle de sensibilisation auprès du public grâce à des aménagements conçus pour guider et informer les visiteurs.
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"le grand kaori"
Cagou (Rhynochetos jubatus)
Perruche a front rouge (Cyanoramphus saisetti)
piege a rat et materiel de marquage
Appat pour la capture des rats
Sophie Rouys avec un cagou capture pour placer un emetteur
Emetteur permettant de localiser les cagous
Methode de localisation des cagous par triangulation
Jörn Theuerkauf pendant le visionnage des cassettes de vidéosurveillance en accéléré
perruche a front rouge |
Présentation du Parc Crée en 1980, le Parc de la Rivière Bleue est une réserve terrestre de 96 Km 2 située dans la partie Sud de la Grande-Terre, à 60 Km à l'Est de Nouméa. ( Cf. figure 2 ). Figure 2 : Localisation du Parc de la Rivière Bleue Comme dans les autres parcs provinciaux classés « réserves », l'accès y est réglementé. Toute exploitation forestière a cessé il y a plus de 50 ans. Il est interdit d'y chasser, de capturer la faune, de ramasser la flore, de collecter des échantillons botaniques ou géologiques et d'introduire des chiens. Des contraintes à respecter pour conserver l'extraordinaire richesse qu'offre le parc...
La plupart de la flore est localisée sur des sols ultrabasiques autorisant la présence de 3 types de végétation :
Elle représente 60 % de la surface. Les arbres du genre Agathis (comme le "Grand Kaori") et Araucaria (comme les pins colonnaires) sont les plus remarquables. Ce milieu se caractérise par une abondance et une diversité de flore dont le taux d'endémisme est particulièrement élevé puisque 95 % des espèces de ce type de forêt sont endémiques.
Elle est également présente avec des arbres de taille plus modeste. Des espèces comme le chêne gomme (Arilastrum gummiferum) et le bois de fer (Casuarina collina) sont autant représentés que la plupart des espèces de la forêt humide.
Il se caractérise par une végétation basse (inférieure à 2,5 mètres) du fait des déforestations et des feux.
(Cf. Expéditions : « A la recherche du cagou en danger ») La plupart des oiseaux calédoniens sont également présents dans le parc.
On y retrouve la plus forte concentration de cagous (Rhynochetos jubatus). Les quelques centaines de cagous abrités dans le parc bénéficient d'un régime de protection particulier puisque leurs principaux prédateurs (les chiens errants) y sont contrôlés. Cette population est le résultat d'un programme de réintroduction initié au début des années 1980. Le nombre de cagous du Parc de la Rivière Bleue est ainsi passé d'une cinquantaine d'individus à plusieurs centaines. Le Cagou: Quezaco? Véritable emblème de la Nouvelle-Calédonie, c'est un oiseau endémique à la Grande-Terre. De la taille d'un petit héron, son plumage bleu gris contraste agréablement avec le rouge de son bec et de ses pattes. C'est un oiseau diurne vivant exclusivement dans les forêts humides de la chaîne de montagne centrale. C'est un animal discret qui peut vivre plus de 20 ans. Il se nourrit d'insectes, de vers de terre, d'escargots, de petits lézards. Mâles et femelles sont similaires, mais les nuances de chant permettent de les différencier. Le chant du cagou est très particulier et parfois décrit comme un aboiement. Il se fait entendre toute l'année au lever du jour mais surtout en période de reproduction. Les cagous vivent en couple sur un territoire de 10 à 40 hectares. La femelle ne pond qu'un ouf par an, à même le sol dans un nid rudimentaire. Le Cagou en danger? Classé par l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) comme espèce en danger d'extinction, le cagou est une espèce protégée. Sa vulnérabilité vient du fait qu'il ne vole pas. Il ne déploie ses ailes que lors de la parade nuptiale ou en posture d'intimidation. Aile de Cagou À l'origine, il n'avait pas de réel prédateur mais l'introduction de mammifères sur le territoire (rat noir, rat polynésien, cochon, sauvage, chat sauvage, chien...) a perturbé les écosystèmes de l'île.
Les perruches cornues (Eunymphicus cornutus) et les perruches à front rouge (Cyanoramphus saisetti) qui sont respectivement classées espèce en danger et espèce menacée sont également présentes dans le Parc de la Rivière Bleue. Leur écologie est aujourd'hui mal connue.
Présentation d'un programme d'étude dans le Parc de la Rivière Bleue Refuge des scientifiques au Parc de la Rivière Bleue Le refuge des scientifiques du Parc de la Rivière Bleue permet à Sophie Rouys et Jörn Theuerkauf de travailler à proximité de leurs cagous et de leurs perruches. Grâce au soutien financier de la CEPA (Conservation des Espèces et des Populations Animales) et de la Province Sud, ces 2 passionnés contribuent à la protection de ces oiseaux en fournissant des données sur leur écologie et sur leurs interactions avec les mammifères prédateurs introduits.
Rappelons que les chauves-souris sont les seuls mammifères indigènes à la Nouvelle-Calédonie. Les autres ont été introduits et peuvent avoir un impact déterminant sur les écosystèmes insulaires. Les oiseaux qui nichent au sol comme les cagous ou dans des arbres creux comme les perruches sont donc vulnérables face aux rats. Étudier l'écologie de ces rongeurs permettra à Sophie et Jörn d'évaluer les risques potentiels que les rats font courir aux espèces indigènes et d'aider à l'élaboration d'éventuels programmes de contrôle. Par exemple, la technique de capture-marquage-recapture des rats permet d'évaluer leur densité relative. Pour cela, 20 pièges à rats sont répartis tous les 25 mètres. Piège à rat L'appât, constitué d'un mélange d'avoine et de beurre de cacahouète, attire les rats qui se retrouvent piégés. Ils sont alors pesés, mesurés, et marqués grâce à une combinaison de couleurs sur la partie ventrale et à un tatouage sur l'oreille. La recapture des rats marqués est également un bon indice de la survie de l'animal. Marquage d'un rat capturé Sophie et Jörn étudient également le régime alimentaire et la distribution d'autres mammifères introduits (chats, cochons, cerfs).
Depuis octobre 2002, 31 cagous ont été attrapés et 19 sont actuellement suivis par télémétrie.
Cagou Les cagous sont capturés durant la journée en utilisant un filet. Les enregistrements de chants attirent les couples intrigués par la présence d'autres cagous sur leur territoire. Ils peuvent également être capturés durant la nuit pendant leur sommeil. Capture des cagous à l'aide d'un filet Ils sont alors équipés d'un émetteur avant d'êtres relâchés. Ils sont ensuite localisés plusieurs fois par semaine grâce à une antenne qui capte la direction du signal émis à une fréquence propre à chaque cagou. Localisation des cagous par télémétrie La localisation précise est ensuite possible grâce au principe de triangulation et la position est reportée sur une carte. La télémétrie permet ainsi d'étudier les espaces vitaux des cagous, leur utilisation de l'habitat et leur activité. Des caméras de surveillance sont également placées au-dessus des nids de cagou. Les films sont analysés tous les jours et permettent l'acquisition d'images, l'observation du comportement et de l'écologie de ces oiseaux. Enregistrement de l'activité des cagous à l'aide de caméras Ainsi sont notées la présence parentale et la fréquence de nutrition des jeunes, mais aussi les éventuelles interactions avec des mammifères. Ce système, en plus d'apporter des connaissances fondamentales sur la biologie de l'animal permet donc de surveiller les prédations des jeunes ou des oufs afin de calculer les taux de fécondité et de survie. Sur plus de 600 heures de vidéosurveillance, Sophie et Jörn ont repéré plusieurs fois des rats attaquer un parent au nid. L'adulte a cependant toujours pu repousser le rat. Durant le programme de réintroduction des cagous, seuls quelques géniteurs ont fourni les oiseaux. La diversité génétique des cagous du Parc de la Rivière Bleue pourrait donc être réduite. Afin d'estimer cette variabilité génétique et le degré d'échange entre individus de différentes sous-populations, des échantillons de plume recueillis seront analysés.
Seule la vidéosurveillance et la patience de détectives de nos scientifiques permettent l'observation des perruches. En effet, la télémétrie est impossible pour ces oiseaux qui se débarrassent trop volontiers de leur émetteur. Ainsi, des heures d'observation permettent d'étudier leur régime alimentaire (en prélevant les plantes mangées) mais aussi leur comportement social. Jusqu'à présent, 3 nids de perruche ont été repérés dans des arbres creux du Parc de la Rivière Bleue. De la même façon que pour les Cagous, la vidéosurveillance permet de déterminer les prédateurs des oufs et poussins ainsi que le comportement des perruches adultes.
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lac de yate |
conclusion
Les réserves terrestres répondent à un besoin de protéger un environnement particulièrement riche, diversifié et endémique. Si l'accent est aujourd'hui mis sur les aménagements sensibilisant le public aux richesses et fragilités des parcs, la surveillance reste difficile. Les programmes de protection mis en place dans les aires protégées semblent être un bon moyen pour conserver les espèces menacées mais aussi pour acquérir des informations sur la biologie de différents écosystèmes. Cependant, ces programmes répondent à des situations d'urgence.
Lien vers le poster scientifique "Les Réserves Terrestres de Nouvelle-Calédonie"
Un grand merci à Sophie Rouys et Jörn Theuerkauf qui nous ont permi de vivre une aventure formidable parmi les cagous et les perruches du Parc de la Rivière Bleue, et à Christophe Lambert (DRN) pour ses informations précieuses sur les parcs et réserves de Nouvelle-Calédonie.
Lexique : Les roches ultrabasiques? Roches magmatiques contenant moins de 45% en poids de SiO2 , riches en fer, magnésium et chrome mais pauvres en potassium. Ce sont les roches à l'origine des minerais nickélifères.
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